
Rencontre avec Matys Tessier d’Ozero Solutions AH C.-B. ’20, aux rives du Petit Lac Magog
Par Nadah Ben-Yedder, agente de soutien de recherche (stagiaire été 2021)
C’était un vendredi ensoleillé lorsque Mélissa Dick (gestionnaire de programmes à AquaAction) et moi ont quitté Montréal par auto pour conduire vers les Cantons-de-l’Est. Mes connaissances d’Ozero Solutions, à ce moment-là, n’étaient pas dans les détails, mais plutôt dans les grandes lignes : c’était une équipe de jeunes ingénieurs de l’Université de Sherbrooke qui avait participé et été finaliste du Défi AquaHacking 2020 Colombie-Britannique et qui aujourd’hui avait un lien étroit avec la municipalité de Magog et autres municipalités au Québec pour protéger leurs lacs de la menace des espèces aquatiques envahissantes. Je me demandais tout de même s’il y avait potentiel que leur technologie innovante puisse voyager au travers du Canada pour protéger nos étendues d’eau, au-delà de notre province.
Nous avons rencontré Matys Tessier, cofondateur d’Ozero Solutions, aux abords des rives du Petit Lac Magog. Nous avons pu le rencontrer, enfin, en personne après avoir mené le Défi AquaHacking 2020 Colombie-Britannique en virtuel à cause de la pandémie. Matys et son équipe ont remporté le premier prix de ce concours. En le rencontrant en personne, nous avons pu observer leur station de lavage pour embarcations nautiques en action.
Matys nous a expliqué en détail chaque facette de leurs équipements et nous a même fait une démonstration. Leur innovation aide à préserver la faune et la flore de des lacs fréquentés par les bateaux. Grâce à un système qui pousse de l’eau chaude dans la tuyauterie interne des navires nautiques, les espèces aquatiques envahissantes sont purgées, ce qui a pour but d’aborder, à la source, le problème que de nouvelles espèces pourraient s’introduire dans les lacs et créer un débalancement dans l’écologie et la chaine alimentaire. Bien évidemment, les embarcations nautiques ne sont pas toutes équiper d’une tuyauterie interne, c’est pourquoi l’équipe d’Ozero Solutions c’était muni d’une simple station de lavage aussi.
Nous avons pris le reste de la journée pour pagayer sur le Petit Lac Magog, qui n’est finalement pas si petit ! Nous y avons vu de multitudes d’embarcations maritimes, des familles qui jouaient dans l’eau… Un beau petit coin de paradis lorsqu’il fait assez chaud. Imaginer que ce lac pourrait être aux proies des mollusques zébrés, nous pouvons facilement imaginer qu’il y aurait plus d’une chose qui changerait. Sentir le sable sur nos pieds ne serait plus possible, puisque le bassin du lac serait entièrement recouvert des coquilles acérées. La circulation d’eau via les tuyaux de prises d’eau seraient presque entièrement bloqués et finalement les espèces natives seraient étouffées par le nombre grandissant du mollusque zébré.
Nous comprenons un peu mieux, maintenant, l’importance de cette technologie et que celle-ci pourraient sauver des millions de dollars aux différentes municipalités du Québec, comme nous l’avait souligné Matys. Les moules zébrés sont l’organisme aquatique qui est tout particulièrement visé, puisque cette espèce aquatique envahissante, qui n’a aucun prédateur naturel, est en compétition féroce avec les espèces indigènes pour leurs habitats. Les impacts écologiques causés par l’introduction des moules zébrées peuvent avoir un impact significatif jusqu’à affecter certaines espèces d’oiseaux aquatiques (source : La moule zébrée, Ministère des Fôrets, de la Faune et des Parcs Gouvernement du Québec).
La moule zébrée n’est pas le seul organisme qui peut se retrouver dans nos lacs. Une autre espèce aquatique envahissante est le myriophylle à épis, une plante aquatique envahissante, qui peut facilement s’accrocher aux hélices des bateaux. Si un lavage n’est pas fait, cette plante pourrait s’introduire dans les lacs (source : Espèces exotiques envahissantes, Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques).Ceci bouleverserait entièrement l’écosystème naturel de nos lacs, si aucune action n’est prise. Dans le pire des scénarios, nous serons aux premières loges d’une perte de diversité d’espèces indigènes. Et c’est pourquoi ce que l’entreprise Ozero Solutions propose est si importante.
Cependant, il est important de tenir en compte (et ce que Matys nous a souligné) que pour préserver nos habitats naturels, il faudrait une collaboration du gouvernement et des municipalités pour mettre en place des législations et soutenir les entreprises, comme Ozero Solutions, à prendre soin de nos vastes étendues d’eau. L’équipe d’Ozero Solutions m’inspire et me rend optimiste quant aux solutions que nous pourrions mettre en place pour aider à introduire des dispositifs pour remettre l’équilibre sur la balance. Grâce au Défi AquaHacking ces jeunes universitaires ont pu se lancer en entreprise.